Aujourd’hui le secteur du textile et de l’habillement est soumis à plusieurs problématiques avec notamment un besoin de réduction de son empreinte environnementale. Les différentes marques et entreprises du secteur textile doivent mettre en place de nouvelles démarches et mécanismes pour assurer plus de traçabilité des matières et des process utilisés tout au long du cycle de vie d’un produit textile.
Cela nécessite une organisation et des moyens spécifiques dont les coûts restent prohibitifs par rapport à l’équilibre économique de l’industrie du textile et de la mode. Ainsi à travers notre R&D, e-SCM souhaite étudier les évolutions à apporter à long terme à notre portail fournisseurs, dont la vocation première est l’optimisation de la Supply Chain, afin de le rendre interopérable avec d’autres systèmes distribués pour répondre aux enjeux et besoins de traçabilité.
Quels sont les enseignements de votre rapport sur la transparence et la traçabilité ?
Les marques ne peuvent pas se contenter de déclarer leurs engagements. Elles ont besoin d’en fournir les preuves. Il n’existe malheureusement pas de solution miracle pour afficher l’histoire d’un vêtement ou d’une chaussure sur son étiquette. Seule la collecte de data, vérifiables et vérifiées sur toute la supply chain, offre la possibilité de restituer des informations fiables au consommateur sous forme de Passeport Numérique Produit. Il n’y a pas de transparence sans traçabilité. Et cela nécessite d’industrialiser la collecte de données avec des outils technologiques.
Comment les marques peuvent-elles se mettre en conformité avec la loi AGEC ?
Plusieurs solutions existent, testées et approuvées par les marques à travers le monde pour répondre à leurs différents besoins. Pour des entreprises de grande taille, la combinaison d’un logiciel de management de la supply chain, qui trace les données depuis l’approvisionnement des matières, à la fabrication, le transport et la livraison, associé avec une restitution sous forme de QR code
sur l’étiquette, est un des moyens les plus efficaces et accessibles en termes de prix et de délais d’implémentation.
Suite aux travaux réalisés, nous avons édité un Livre Blanc Traçabilité Secteur mode et luxe | Traçabilité & transparence du cycle d’approvisionnement pour une mode plus responsable. Vous pouvez le télécharger dans la langue de votre choix.
Quelles sont les prochaines étapes de vos travaux au sein de Belharra avec la Chaire BALI ?
Nos travaux ont permis de faire progresser l’industrie vers plus de traçabilité et de transparence sur la supply chain amont. Ils ont été récompensés en France et à l’international ce qui est une reconnaissance de notre contribution, particulièrement sur la démocratisation et la généralisation du Passeport Numérique Produit.
Il permet d’informer le consommateur pour éclairer ses choix. C’est aussi un ticket d’entrée vers la seconde vie des produits. Nous avons identifié sur le marché des outils qui génèrent automatiquement des annonces sur les plateformes de revente, avec toutes les informations nécessaires comme un descriptif , le détail des matières ou le pays de fabrication. Mais plus encore, le Passeport
Numérique Produit va être essentiel à la filière de recyclage textile to textile européenne, car il trace la composition exacte et évalue la recyclabilité.
Nous entamons la dernière année de thèse de nos travaux sur ce sujet central : la collecte de la data au service de la circularité. Et nous pourrons ainsi boucler la boucle.
La thèse de Pantxika Ospital est dirigée par Jérémy Legardeur, Professeur à l’ESTIA Et co-encadrée par Dimitri Masson, Professeur à l’Estia et Cédrick Béler, Professeur à l’ENIT.
Source : Extrait du rapport d’activité 2022 de la Chaire BALI | Mode durable, vers de nouveaux standards à l’échelle industrielle (en français).